Tous les trente-six mois, parfois plus parfois moins, le livre d’un auteur inconnu cartonne en librairie au rayon «petits chefs-d’œuvre d’humanité» . C’est Muriel Barbery et son Hérisson, Philippe Delerm qui explose avec sa Première Gorgée de bière, Anna Gavalda avec Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, etc. La bombe de ce printemps a pour titre la Liste de mes envies et l’auteur pour nom Grégoire Delacourt. 150 000 exemplaires vendus en quatre mois, assure son éditeur J.-C. Lattès. Un gros bouche à oreille, un succès populaire avec pour cœur de cible la femme de 40 et quelques années. Ce roman est un conte de fées pour adultes, avec de petits mots et de petites gens. L’histoire de Jocelyne, mercière à Arras, qui va nous démontrer par A + B qu’il vaut mieux dans la vie se contenter de ce qu’on a. C’est court, fluide, quoique alourdi par une dose allopathique de pathos. Peu importe, ça marche, et dès lors, évidemment, on se demande pourquoi.
Réponse de l'auteur : «C'est peut-être une question d'insight.» De quoi ? Grégoire Delacourt est publicitaire, il fait ce métier depuis trente ans. Plutôt bon, décoré, reconnu, désormais patron de sa propre boîte - créée avec sa femme américaine, Dana Philp - après avoir été directeur de création dans les plus grandes agences. «La culture de l'insight, explique-t-il, c'est savoir trouver l'endroit où frapper pour toucher les gens.» Et c'est pareil avec les