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Libération

Introspection des travaux finis

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Textologie . Vingt-huit romanciers hispanophones se livrent à l’autocritique dans une anthologie.
publié le 26 juin 2012 à 21h16

Fini les auteurs nitouches qui refusent de répondre dès qu'on cause thématique de l'œuvre ou stylistique et qui balaient les journalistes d'un «moi, je crée, vous, vous commentez», sous prétexte que le génie est inconscient de son art.

Vingt-huit romanciers hispanophones se jettent à l'eau dans une anthologie intitulée Mil Bosques en una Bellota (1) («Mille forêts dans un gland»), parmi lesquels Mario Vargas Llosa, Juan Goytisolo, Enrique Vila-Matas, Carlos Fuentes ou Juan Marsé. Ils sont priés de déclarer quel passage de leur œuvre est le plus significatif à leurs yeux, et donc de se faire critique d'eux-mêmes, endossant l'habit du prof ou du critique assoiffé d'exemplarité.

Ce n'est théoriquement pas très difficile, puisque, depuis Diderot environ, la critique fait partie intégrante de l'art (à savoir qu'on n'écrit plus par rapport à la prétendue réalité mais par rapport à l'histoire de la littérature) et, comme le notait Baudelaire à propos de Wagner, «tous les grands poëtes deviennent naturellement, fatalement, critiques». Facétieux, il ajoutait qu'en revanche «il serait prodigieux qu'un critique devînt poëte». Mais bref, comme «il est impossible qu'un poëte ne contienne pas un critique», chacun des écrivains s'est livré à l'exercice en quatre temps.

D'abord, dans «le Gland», présenter l'extrait représentatif et le justifier. Le second moment s'intitule «Conversation avec les morts». Les écrivains livrent leurs sources