Naufragé antédiluvien
Traces inaltérables des deux précédentes éditions d'Estuaire, la Villa cheminée de Tatzu Nishi, la Maison dans la Loire de Jean-Luc Courcoult, renflouée après un premier naufrage, ou le voilier perché (Misconceivable) d'Erwin Wurm sont devenus d'authentiques attractions touristiques. Promis au même succès, le Serpent d'océan de Huang Yong Ping est (avec les Colons de Sarah Sze - des formes animales noires perchées sur des branches) le temps fort de la livraison 2012. Echouée sur le sable de Saint-Brévin, la carcasse d'une créature antédiluvienne déploie ses 120 mètres d'ossature, à la fois puissante et gracieuse. Jouant avec le flux des marées, l'œuvre vit bien plus que son apparence squelettique ne le suggère.
Chambres à part
La vie de château révèle parfois des surprises et, à condition de ne pas y rechercher un confort maximal, celui du Pé (situé sur la commune de Saint-Jean-de-Boiseau), mérite qu'on y fasse étape. Dans cette coquette demeure du XVIIIe siècle, six chambres ont été repensées par autant de couples d'artistes déclinant, au gré de leur humeur, une thématique autour de l'interdit, de la passion, de l'inconscient, voire, encore plus gonflé (vu que les piaules sont destinées à être louées, de 75 à 100 euros la nuit), de l'inconfort. A cet égard, on avouera une préférence maso pour celle de Sarah Fauguet et David Cousinard, Saturnia Pyri qui joue avec un rapport au volume décalé. Ici, le lit s'ouvre dans le plancher