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grand angle

Relais de jardiniers chez Monet

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Après une vie dédiée au domaine de Giverny, tombé en friche après la mort du peintre, le chef jardinier Gilbert Vahé passe le flambeau à l’Anglais James Priest. Mais quelle est la recette du jardin le plus visité de France ?
publié le 5 juillet 2012 à 21h46

Dans le train qui file vers Rouen, départ 10 h 20 de Saint-Lazare, il y a les autochtones qui jouent du smartphone en solitaire et les touristes assis en grappes qui gazouillent en anglais, français, espagnol et, croit-on deviner, japonais. Les premiers descendent en masse à Mantes-la-Jolie dans l’indifférence des seconds qui ignorent tout des sites historiques de la banlieue française.

Mantes-la-Jolie, ça sonne très charmant, comme Verneuil, Vernouillet, préludes à Vernon, où le paysage se fait si normand et où patientent les trois navettes qui les emmèneront au bout de leur voyage : Giverny, la maison de Claude Monet, ses estampes japonaises. Et surtout, surtout, son jardin, le plus célèbre des jardins français après Versailles, le plus visité - 611 000 entrées en 2011, année record. Ils viennent joyeux s’immerger dans un havre de fleurs et de couleurs, se promener dans la palette du maître, retrouver les effusions végétales dont les guides démultiplient les images à l’infini depuis trente ans. Pourtant, dans ce paradis où rampent les capucines et grimpent les glycines, où s’ouvrent et se ferment les nymphéas chaque jour que fait l’été, il s’est passé quelque chose cette année.

Pas une révolution, non, un événement discret qui a, entre autres choses, fait jaillir dans le carré ouest du jardin des rosiers mauve mat, jusque-là inconnus au bataillon, et exploser de façon inhabituelle la population d’iris en mai, de grands pavots roses en juin. Pour la première fois depuis son o