Un homme qui dessine ou écrit, seul à sa table de travail. Cette image, on la retrouve dans plusieurs des spectacles de William Kentridge et elle est le fil conducteur de Refuse the Hour («la négation du temps»), le dernier spectacle créé fin juin à Amsterdam, quelques jours avant la première d'Avignon.
Le papier et le crayon sont les premières armes de l'artiste sud-africain, né en 1955, qui, même s'il a suivi à Paris dans sa jeunesse, comme beaucoup d'autres metteurs en scène invités cette année, les cours de l'école internationale de théâtre de Jacques Lecoq (lire page III), a commencé sa carrière comme dessinateur. Ses premiers films d'animation, il les a réalisés avec de simples dessins au fusain, effacés et retracés sur une même feuille de papier.
Obsession. Une technique que Kentridge n'a jamais abandonnée. Très tôt aussi il a intégré à son univers graphiques des pages d'atlas de l'époque coloniale, des cartes, de vieux catalogues. On retrouve tous ces éléments dans Refuse the Hour où Kentridge interprète lui-même le rôle du narrateur démiurge : «C'est, dit-il, comme une lecture interrompue par la musique et les images.» Pour laquelle il reconstitue sur scène son studio de Johannesburg : «La table, pour moi, est une extension du corps.» Il dit aussi : «Mon studio, c'est l'endroit où je dessine mais surtout où je réfléchis.» Et le spectacle est le reflet direct de ces réflexions, «un voya