Le kaléidoscope est sans doute l'objet qui rend le mieux compte du travail de William Kentridge. La perception que l'on s'en fait n'arrête pas de fluctuer, comme si tout s'y recomposait sans cesse. Dans sa présentation de Refuse the Hour (la Négation du temps), le spectacle donné à l'Opéra-Théâtre d'Avignon, l'artiste sud-africain explique : «Quand on voit mon travail dans un théâtre, c'est une œuvre théâtrale. Quand on le voit dans une galerie d'art, c'est une exposition ou une performance d'arts plastiques. Quand on le voit dans une salle de concert, c'est une pièce de musique […]. Je considère que je dessine et que mes dessins bougent dans une troisième ou quatrième dimension de l'espace et du temps.» Il faut ajouter que tout bouge aussi à l'intérieur même de la représentation.
Studio. On peut résumer Refuse the Hour, en disant qu'il s'agit d'une interrogation sur le temps, nourrie d'anecdotes personnelles et de dialogues avec des scientifiques. On peut aussi dire que sa forme l'apparente à du théâtre musical, avec un narrateur qui tend le fil du récit entre des séquences chantées et dansées. Mais il est tout aussi légitime d'y voir une œuvre avant tout picturale, suite d'esquisses et de collages projetés sur écran. Et l'on peut encore parler, selon les moments de théâtre, d'ombres, d'objets ou de marionnettes.
L'assemblage de toutes ces formes est particulièrement réussi. Comme si Kentridge avait remonté le temps pour y puiser le