Le 33 tours qui donne son nom au spectacle de Lina Saneh et Rabih Mroué est un disque vinyle sur lequel est gravé A mon dernier repas, la chanson de Jacques Brel, diffusée in extenso en ouverture. Le son est de bonne qualité, mais il grésille légèrement et l'électrophone sur lequel tourne le disque focalise les regards, en l'absence d'acteurs. Qui n'arriveront jamais.
La chanson terminée, un autre objet attire l'attention : un écran d'ordinateur allumé sur une page Facebook. C'est sur cette page que se déroule, une heure durant, l'essentiel de l'action de 33 Tours et quelques secondes. Certains spectateurs le prennent mal ; de fait, peut-être le programme du Festival aurait-il dû indiquer «installation», plutôt que «spectacle».
Répondeur. Si l'on accepte de dépasser le stade de l'agacement, 33 Tours… devient néanmoins un objet à la fois cohérent et radical. Là où d'autres usent et abusent de la vidéo sur scène, Lina Saneh et Rabih Mroué vont nettement plus loin en faisant d'Internet le lieu même du spectacle. D'autres outils de communication, moins modernes, participent aussi à l'intrigue : un répondeur téléphonique et un poste de télévision.
Impossible de reprocher aux deux artistes libanais (vidéo, théâtre, performance) de ne pas tenir leur parti pris. On peut aussi relever que cette théâtralisation de la communication contemporaine est utilisée par d'autres artistes du Moyen-Orient. Ainsi Where Were You on January 8th ?, l