Qui aurait pu prévoir qu’à Avignon une si navrante série chorégraphique attendrait le public ? Il ne s’agit même pas de savoir si l’on aime ou non les spectacles, s’ils ont des défauts ou des qualités. Les trois que nous avons vus coup sur coup, jusqu’à en déprimer, sont tout simplement inacceptables. Le Festival envisagé comme une exposition universelle, on ne l’aurait jamais pensé. Et pourtant, nos amis chorégraphes - car ils n’en demeurent pas moins des amis - n’y sont pas allés de main morte dans la plus fade exposition des autres.
Dribbles. Venons-en aux faits, qui laissent pantois. Lundi, à la salle Benoît-XII, on est convié par Jérôme Bel à aller voir des handicapés mentaux, certains trop lents, d'autres agités de gestes compulsifs. Ils sont onze et ont appliqué à la lettre les consignes du chorégraphe chef. Soit : se présenter, raconter leur handicap (la plupart atteints du syndrome de Down, autrement nommé trisomie 21) et faire une danse. Cela s'appelle Disabled Theater et s'apparente à du théâtre documentaire. Que leur a donné Jérôme Bel ? Rien, sauf son nom, et c'est franchement court. Devant cette exhibition cynique, certes dénuée de condescendance, qui cache, sous l'appellation de danse conceptuelle, bien des manquements à l'art de vivre ensemble, on reste consterné. Le seul espoir que l'on a en sortant de la salle, c'est que les personnes handicapées aient joué la comédie