Menu
Libération
Critique

Castellucci, apocalypse au bord du volcan

Article réservé aux abonnés
Avignon . Pour son «Four Seasons Restaurant», le metteur en scène italien s’inspire de la vie d’Empédocle et des toiles de Mark Rothko.
publié le 18 juillet 2012 à 20h06

D'Empédocle, dit la légende, il ne resta qu'une sandale, laissée au bord du cratère de l'Etna où se jeta le philosophe d'Agrigente il y a vingt-cinq siècles, et environ quatre cents vers, fragments de ses textes parvenus jusqu'à nous. Demeure aussi le poème tragique inachevé par Hölderlin, peu de temps avant son internement en 1806. De la Mort d'Empédocle, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet tirèrent un film, resté fameux. The Four Seasons Restaurant, le spectacle créé à Avignon par Romeo Castellucci, ramasse à son tour la sandale. Le volcan, ou plutôt l'aspiration vers le néant, est au cœur de cette pièce, qui s'ouvre par une diffusion de l'enregistrement du son généré par un trou noir, tel que reconstitué par la Nasa. Un orage stellaire, dont le bourdonnement et les grésillements vont croissant, jusqu'à faire trembler les gradins du gymnase Aubanel.

Lambeaux. Ce fracas qui fait peur («Gronde le vieux courroux lointain», dit Hölderlin) est repris en écho, à la fin du spectacle, quand deux énormes ventilateurs et un tas de feuilles mortes suffisent à créer une tempête d'apocalypse. D'autant plus sidérante que Castellucci n'a recours ni à la vidéo ni à la sophistication lumineuse. L'illusion, chez lui, ressort de l'artisanat, rideau, plancher, toiles noires ou blanches : du théâtre à mains nues et à couper le souffle.

Empédocle, pour Castellucci, est d’abord l’histoire d’un détachement radical. Les dix jeunes actrices commencent par