Un million et demi d’enfants juifs de moins de 15 ans ont été tués en Europe durant la Shoah. C’est-à-dire que 90% des jeunes Juifs du continent ont été exterminés en quelques années. Neuf sur dix. Chiffres impossibles à appréhender vraiment, catastrophe stupéfiante, et pourtant deux expositions à Paris tentent d’évoquer cette part d’atroce dans l’abominable. Pourquoi, comment des expos sur un tel sujet ? Est-ce bien nécessaire de s’infliger cela, se demandera-t-on ? Qu’y a-t-il à comprendre ?
A comprendre, rien certes, mais à apprendre, beaucoup et toujours. En 2009, le Mémorial de Caen avait été le premier à concevoir une exposition sur le sujet, illustrant à grand renfort d’objets et de documents ce processus implacable : ostracisation, identification, exclusion, puis assassinat des enfants.
A son tour, le Mémorial de la Shoah (1) tente de mettre des images et des mots sur cette extermination. Et ces mots sont des mots d’enfants : journaux tenus par des ados dans les ghettos, témoignages, courriers, et même poèmes. Il y a aussi quelques textes historiques. Le 4 septembre 1942, Chaïm Rumkowski, le président du conseil juif de Lodz, en Pologne, s’adresse à la population du ghetto pour lui demander de livrer aux Allemands tous les enfants de moins de 10 ans… pour sauver les autres. Il faut aller lire ce texte, s’en imprégner. A côté sont présentées des photos de mères voyant partir leurs enfants vers une mort certaine. Confronté à la même demande des Allemands, le président du