La culture a-t-elle un rôle à jouer dans un pays en guerre ? Peut-elle aider à abattre les dictatures ? A sa façon, la comédienne syrienne en exil Fadwa Suleiman a incarné, hier à Avignon, la rage et la peur. Peut-être aussi l'impuissance de tous ceux qui, depuis plus d'un an, luttent sans relâche pour faire tomber Bachar al-Assad. Pleine d'espoir et également effrayée par les derniers événements qui semblent ébranler le régime syrien, elle n'a de cesse de dénoncer la militarisation de cette révolution-là et surtout le rôle joué par la communauté internationale dans cette dérive. «Le monde entier a laissé les mains libres à Bachar al-Assad, pas seulement la Russie et la Chine, il a poussé le peuple syrien à prendre les armes, exactement ce que voulait Assad, et voilà où nous en sommes, pas loin d'une partition de la Syrie et surtout d'une guerre civile qui risque de faire de très nombreux morts», s'est-elle confiée en marge d'un forum sur la culture organisé hier à l'université d'Avignon par Libération, dont elle était une des invités emblématiques.
Isolement. Même si, face à cette menace, les mots semblent dérisoires, ils apparaissent parfois comme le seul moyen de raconter les peurs et les aspirations d'un peuple. «Messieurs les leaders du monde, bougez-vous un peu pour que le fou qui nous tient dans sa toile s'arrête ! Après seulement, vous aurez la solution», s'est enflammée l'artiste syrienne à la tribune du forum avant de lire