La pièce a cent trente ans, elle pourrait dater du mois dernier. Thomas Ostermeier, qui met en scène Un ennemi du peuple, d'Ibsen, explique qu'il avait d'abord commandé une réécriture du texte à un jeune auteur. Et qu'il a finalement décidé de conserver l'original, en se contentant de le «dépoussiérer». Rien à jeter en effet dans cette histoire. Médecin des thermes d'une petite ville de cure en pleine expansion, le docteur Stockmann découvre que les eaux de l'établissement sont gravement contaminées et qu'il faut entièrement revoir le système d'adduction et d'épuration, ce qui suppose la fermeture des lieux. Dans son combat pour la salubrité publique, il ne doute pas du soutien de ses concitoyens. Mais la découverte du docteur Stockmann ne fait pas plaisir à tout le monde.
Explosif. Son frère, Peter, maire de la commune (et à ce titre, son employeur), en mesure vite les conséquences. Déjà endettée, la ville n'a pas les moyens de financer des travaux, d'autant que la fermeture des thermes plombera encore l'économie locale. Il suggère au docteur de ne pas rendre public le rapport explosif qu'il a préparé : «Nous ferons de notre mieux en silence ; mais il faut que rien, absolument rien de cette malheureuse affaire ne transpire au dehors». Indigné, le docteur veut en appeler à l'opinion publique, via notamment le Messager, journal local d'inspiration progressiste. Mais le maire a de solides arguments pour retourner la situation