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Libération
Portrait

Kurt Cobain, en vain au nirvana

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Summer of rebels . Grunge . Suicidée le 5 avril 1994 à 27 ans, la star de Seattle fut ainsi enterrée par «Libération».
par BAYON
publié le 20 juillet 2012 à 20h16

A l'occasion du documentaire diffusé samedi sur Arte, Libération republie la nécro de Kurt Cobain, parue le 11 avril 1994 et le 14 avril 2012. Rewind.

Déréliction. Ça ne pouvait pas durer. Kurt Cobain était trop jeune et doué, trop bien marié à la trop parfaite égérie Courtney Love, trop visionnaire et beau pour être vrai. Tant de perfection rock en un. A l'heure où l'on s'entend à tenir pour mort le rock'n'roll, culture fondée d'un coup de rotule par Elvis vers 1954, à l'heure où Cobain le premier affirmait que Nirvana, au nirvana du succès, était foutu, sans autre perspective que l'autoparodie, le dieu de Seattle était la preuve vivante terrible de sa pérennité, en phase avec le temps.

Qu'on en juge. Premier héros de ce qu'on pourrait appeler la «génération anxieuse», figure subliminale du white trash actualisé homeless, d'une inédite séduction rayonnante (mais soleil noir), stratifiant et transcendant ensemble les vertus, poils et oripeaux des contre-cultures suivantes : punk, rockabilly, country folk, hippie, rhythm'n'blues, heroic, surf, garage, new wave, metal, Cobain, plus qu'aucun depuis des lustres et autant que les deux Michael (Stipe, de R.E.M, ou Jackson), était le saint rockeur digne en sa déréliction de l'époque.

Junkie - rompu à l'usage de la coke et de l'héro, mais sans joie, avec un fatalisme hérédo-social poignant, sans horizon comme tant de ses semblables teenagers attardés levellers, néo-hobos ou surdiplôm