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Critique

Blechacz, touche select

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Classique . Le prometteur pianiste polonais au style sophistiqué joue ce soir au festival de La Roque-d’Anthéron.
publié le 22 juillet 2012 à 19h16

Début juin à Paris, Rafal Blechacz répète le programme de son récital à Pleyel. Il y a cinq ans, son enregistrement des Préludes op. 28 de Chopin avait impressionné. Sa main gauche dans le Prélude n° 3 en sol majeur, sans dépasser en vitesse celle des maîtres, faisait preuve d'un souci de caractérisation notable. Blechacz semblait avoir scruté le texte dans ses moindres recoins, et déployait pour chacun des préludes une batterie d'attaques, gradations dynamiques et nuances de lumière d'une sophistication incontestable.

Le jeune homme n’était pas inconnu des mélomanes, puisqu’il avait remporté, en octobre 2005, les premier et deuxième prix du concours Chopin de Varsovie. Un prix décerné tous les cinq ans, et qui révéla autrefois Martha Argerich ou Maurizio Pollini. Certains ont peut-être crié un peu tôt au génie, comparant Blechacz à son compatriote Zimerman, couronné à Varsovie en 1975. Après un CD de sonates de Beethoven, Haydn et Mozart, Blechacz a enregistré les deux concertos de Chopin avec le Concertgebouw. Encore un très beau disque, mais pas la nouvelle référence.

Consciencieux. Cette année, Blechacz s'est distingué avec un album Debussy et Szymanowski, donnant la mesure de son talent comme de ses limites. Il a un sens de la couleur et de la caractérisation, et sa sonorité est belle et claire, mais dans son Debussy, on entend plus des intentions et une détermination à timbrer que l'efflorescence naturelle et résonante