Quel lien entre Anonymous et les luddites ? A première vue, tout les sépare. Les briseurs de machines britanniques du début du XIXe siècle sont restés dans l'histoire comme le mouvement technophobe par excellence, alors que les turbulents cyberactivistes Anonymous (Libération de ce week-end) sont plutôt associés dans l'imaginaire populaire à un amour inconditionnel de la technologie. Pourtant, Marco Deseriis, professeur de médias numériques à l'université de Northeastern, à Boston, voit au moins trois points communs à ces héritiers de Robin des bois (1).
Ils ciblent, d’après lui, des machines d’un certain type. Les luddites s’attaquent aux procédés mécaniques introduits au début de la révolution industrielle qui déclassent les travailleurs qualifiés pour les remplacer par une main-d’œuvre non spécialisée. Anonymous hacke les infrastructures de communication des gouvernements et des sociétés qui limitent l’accès à l’information et sapent les algorithmes de la machine cybernétique. Tous deux se manifestent sous un pseudonyme collectif, que chacun peut s’approprier pour mener des actions publiques. Un nom qui permet de cristalliser chez les luddites comme chez Anonymous des opérations disparates et de les unir sous un même étendard.
«Tueuses de bras». Le nom de Ludd est associé aux graves troubles qui secouèrent le nord de l'Angleterre, entre 1811 et 1816, marqué par la destruction de milliers de métiers travaillant la soie, le coton ou la lai