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Pas froid aux pâtes

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[La route du ravioli 2/6]. Un feu, une casserole, de la neige : l’idéal du repas complet, les pelmenis sibériennes.
publié le 22 juillet 2012 à 19h07

Ça commence toujours comme ça, quelque part en Sibérie. La voiture est tombée en panne, il fait - 30 C°, on a très froid. Alors on rentre dans une pelmennaïa, une cantine à pelmenis, pour ne pas mourir. Ou plutôt pour revivre. Les visages sont maussades, la serveuse renfrognée. Même si on parle russe, il faut un moment pour comprendre qu'il faut aller chercher son ticket à la caisse avant d'être servi à travers la grille qui sépare la cuisine de la salle. Ici, on compte en «portions». Et pas des demies - 300 grammes minimum. Les grands espaces, le froid, des indigènes peu commodes… Tous ces clichés sont pourtant l'introduction idéale ; car les Russes sont, selon toute vraisemblance, les inventeurs du ravioli surgelé.

Isba. «Je tombe à genoux devant lui / Le créateur des pelmenis !» s'écriait, lyrique, un facétieux chansonnier de Nijni-Novgorod à la fin du XIXe siècle. Mais qui songerait à se moquer de lui. Sans ces raviolis providentiels, combien de ses compatriotes seraient tombés à genoux, mais d'inanition ? Dans une grande chaîne transhistorique et fraternelle du fast-food, tous, du trappeur sibérien au célibataire endurci, en passant par le journaliste pressé, y ont trouvé l'idéal du repas complet, vite prêt et toujours savoureux. En Sibérie, où ils étaient particulièrement appréciés, la confection des pelmenis se faisait en famille, et pouvait durer plusieurs jours ; on en préparait des milliers que l'on plongeait par sacs e