Menu
Libération
Interview

«Des cicatrices pour la vie»

Article réservé aux abonnés
[Claquer la porte 4/6] . Ils sont comédien, scénariste, réalisatrice… Un jour, au dernier moment, ils ont renoncé à ce qui leur était le plus précieux. Aujourd’hui, l’auteure Florence Delay. Après avoir lancé sa compagnie théâtrale en 1963, elle divorce et quitte provisoirement le milieu.
publié le 31 juillet 2012 à 19h06

Florence Delay dit qu’elle n’a jamais su claquer de porte. Mais qu’en revanche beaucoup la lui ont claquée au nez. Elle est tout de même entrée à l’Académie française, par la seule porte possible, sans effraction, en 2000. Mais avec une certaine discrétion. Et après avoir foré des textes rares, le plus souvent avec le poète Jacques Roubaud.

Florence Delay défriche, déchiffre, traduit, bifurque. Ne claque rien, puisqu'il y a toujours un souterrain à creuser, qui rend la porte inutile. Elle est l'inverse de l'Ernesto de Marguerite Duras, qui ne veut plus aller à l'école car on y apprend ce qu'il ne sait pas. Enseignante à l'université, elle privilégiait les «navigations» vers des terres inconnues. Et c'est ainsi qu'elle a publié, en 1988, Partition rouge, anthologie de la poésie des Indiens d'Amérique du Nord.

Sa vie de jeune adulte commence par un violent claquage de porte. En 1956, elle a 15 ans et, comme beaucoup de jeunes gens de cette génération, elle est abonnée au TNP, le théâtre national populaire créé par Jean Vilar. «Il disait que "le TNP est un service public, comme l'eau, le gaz, et l'électricité". Il n'y a pas mieux que cette conception.» A cette époque, elle s'adonne aussi au théâtre buissonnier. En douce, elle s'est inscrite à l'école du Vieux Colombier. «J'en garde l'idée qu'il est presque toujours possible de faire deux choses à la fois.» Et, l'été 1963, elle obtient une place de régisseur stagiaire au Festival d'Avig