«Cela commence par une bénédiction et finit par une malédiction» : ainsi chantaient en 1968 les Britanniques de Soft Machine, anticipant les déboires turcs actuels du livre dont ils ont pris le nom. Jugé «obscène» par une commission gouvernementale, au même titre que le roman Snuff de l'Américain Chuck Palahniuk, la traduction turque de la Machine molle de William Burroughs semblait pourtant tirée d'affaire après un an de procédure.
L'article 226 du code pénal permet en effet la censure de certaines œuvres au nom de la protection des mineurs, mais ne s'applique pas pour celles ayant une valeur «littéraire». Valeur qu'un panel d'universitaires avait démontrée dans un rapport remis au tribunal et relaté par le site Bianet. «L'auteur […] a pour but de réaliser une critique sociale plutôt que d'éveiller les instincts sexuels du lecteur. Les éléments relatifs au sexe dans sa technique narrative d'avant-garde, qui a eu un grand écho dans la communauté littéraire, servent son propos.»
Dans ce roman, l'auteur beat utilise sa technique du cut-up pour dessiner une errance surréaliste et hallucinée. De même, Snuff, dans lequel une hardeuse tente de battre le record mondial de fornication en un jour, «ne peut être considéré comme une œuvre pornographique» selon les experts turcs, mais plutôt une «critique tragicomique de l'industrie pornographique».
Malgré ces éléments, les éditeur