Des chaises ont été disposées en un large rond, dans la verdure, sur le flanc du château dauphinois, à Brangues en Isère. Sous les arbres, par cette chaude après-midi du dernier samedi de juin. Une quinzaine de personnes encerclent Robin Renucci pour une séance de lecture à voix haute. Un sac de toile trône au centre de l’assemblée, comme un magot abandonné par un voleur dans l’herbe rase.
Annabelle se porte volontaire, pioche à l'aveugle un volume, lit le titre en couverture : «Marguerite Yourcenar, les Yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey.» La scène parle à la fois du hasard et du signe. «Lire relève de la parole cachée, qu'est-ce que nous recevons ?» dit le comédien, qui sait que Paul Claudel (1868-1955) est l'arrière-grand-père de cette première lectrice.
Alexandrin. Dans la dernière propriété de l'écrivain, qu'il acheta à son retour du Japon en 1927, se tiennent, depuis 1972 et à l'initiative d'une de ses filles, des rencontres théâtrales. Cette édition a une saveur particulière, veut marquer un tournant et s'intitule les Nouvelles Rencontres de Brangues. L'association organisatrice s'est restructurée, abandonnant le projet longtemps caressé d'y créer un centre culturel, décidant de s'axer désormais sur de grands spectacles et de s'ouvrir davantage sur le pays environnant.
Dans l'angle de vue du cercle se trouve justement la carapace d'un chapiteau écarlate : la scène itinérante des Tréteaux de France. Sa première représentation v