C’est un journal. Le journal d’une très jeune fille, née le 4 octobre 1898, écrivaine et poète, dont l’œuvre est restée secrète pendant des années, jusqu’à sa publication par Claire Paulhan, soixante-quatorze ans après sa mort, en 1931. L’objet, déjà, est mystérieux : un très beau livre, assez onéreux, mais pas à la manière des beaux livres de Noël destinés à disparaître directement sur la table basse d’un salon. On l’ouvre à Beaubourg, on lit la dense et complète préface signée Béatrice Leca, on attrape quelques lignes du journal lui-même, on le referme, c’est presque impossible de lire un écrit aussi intime dans un lieu public.
Et puis, il y a la profusion. Il faudrait s'arrêter à chaque phrase, qui résonne comme une énigme. Mireille Havet n'a peut-être pas écrit pour être lue, même si Claire Paulhan édite sans doute des livres en vue qu'ils le soient. En librairie, il y a bien Carnaval, l'unique roman de Mireille Havet, resté comme le reliquat d'une œuvre absente, mais dans sa préface l'éditrice explique curieusement qu'il est vieilli et pas terrible, une simple transposition de la vie, qui est bien mieux décrite dans le journal, et que d'ailleurs elle a beaucoup hésité avant de le publier. Pas de chance ! Le livre, couleur bouton d'or, est cependant attirant. On repart avec, malgré les mises en garde de l'éditrice.
Un ton poétique et cru
Dans Forêt noire, paru chez P.O.L, l'écrivaine et artiste Valérie Mréjen relate avec concision toutes les histoires de morts avec lesquelles o