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Libération

Piotr Fomenko tire sa révérence

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Le metteur en scène russe est décédé ce jeudi à l'âge de 80 ans.
publié le 9 août 2012 à 21h53

Il travaillait encore le mois dernier sur une mise en scène de Boris Goudounov. Ces temps-ci, on ne le voyait plus guère sur les grandes scènes européennes, lui, l’infatigable défenseur d’un théâtre de l’acteur roi. Sa véritable passion, celle qui occupait toute sa vie quand il ne dormait pas, n’était pas la mise en scène tapageuse ou conceptuelle, encore moins la gloire, mais l’interprétation parfaite, celle qui sonne forcément juste.

Ca le tenait depuis toujours. Depuis qu’il avait débuté sa carrière en reprenant la direction de l’école mythique d’un maître incontesté de la pédagogie : Stanislavski, revendiqué tout aussi bien par un Marlon Brando qu’un Robert de Niro. Sans doute avait-il poussé un peu loin les feux de l’étude psychologique du personnage au cœur de la célèbre méthode, car le KGB y décela une entorse suffisamment grave à la politique de la dictature du prolétariat pour lui indiquer sa sortie de scène. L’affaire n’incita guère Piotr à prendre sa carte CCCP mais lui donna de précieuses indications sur les ruses à déployer pour rester indépendant.

De Glasnost en Perestroïka, Piotr Fomenko finit par monter sa troupe de disciples gentiment auto nommée les « fomenki ». Il rencontra en 1993 un admirateur hautement qualifié en la personne de Marcel Bozonnet alors directeur du Conservatoire d’Art Dramatique. Celui-ci l’invita à travailler avec les élèves à Paris. La découverte fut un choc pédagogique intense, il reviendra en 1999 pour diriger « Le convive de Pierre » a