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Homard titanesque

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[Le dîner de l’Apocalypse 3/6] . A en croire certaines rumeurs catastrophistes, la fin du monde nous guette. Des chefs ont relevé le défi d’imaginer une recette à la hauteur de l’événement. Aujourd’hui, Sylvestre Wahid.
publié le 13 août 2012 à 19h06

Consommé de homard, caviar à l'émulsion de citron, rouget saisi aux tomates et basilic, turbot aux écrevisses, ris de veau aux petit pois à la française, crêpe soufflée… c'était le 1er juin, sous les découpages de calcaire des Baux de Provence. Temps de rêve. Personne alors ne pensait que le glas de l'Apocalypse allait sonner dans le cahier d'été de Libération. Personne ne songeait que, déjà, nous étions tout proches du val de l'Enfer. L'excellent maître de maison Jean-André Charial avait invité quelques amis à un dîner privé dans son Oustau de Baumanière, pour lequel le chef, Sylvestre Wahid, a reconstitué un souper du Normandie. La soirée s'inscrivait dans un programme organisé depuis quatre ans par la maison Mumm pour tester ses champagnes sur des menus de légende. Christian Le Squer, chez Ledoyen à Paris, avait de son côté pensé au France (Le Havre-New York), et sa soirée du 20 avril 1912. La singularité française se trouve concentrée dans ce monstre de luxe. Le bateau est solide, mais pas très rapide. La Compagnie générale transatlantique a préféré miser sur deux spécificités : le grand décor et la haute cuisine. La déco style Louis XIV le fait surnommer «le Versailles de l'Atlantique». Il est désarmé vingt ans plus tard, pour être remplacé par le Normandie.

Et le menu du Titanic ? L'histoire est injuste : personne n'a vraiment songé à le tirer des oubliettes ! La nouvelle du naufrage est arrivée la veille