On arrive épuisé, sans souffle, devant la Torre dos Clérigos, qui domine la ville et en est l’emblème. La perspective d’en grimper les 200 marches ne s’offrant qu’aux médaillés olympiques, on redescend vers la gare de São Bento par la rua das Carmelitas. Mais on doit être attentif, car, entre une attrayante Confeitaria Pastelaria et un magasin de vêtements, on risque, au 144, de rater une autre merveille de Porto. Il faut un peu de recul pour apercevoir la façade, sa corniche, ses pinacles et ses flèches de style néogothique - dentelle de pierre blanche qui semble attirer toute la lumière de la rue. Au-dessus de l’arc surbaissé que forment la porte d’entrée et les vitrines, s’ouvre une triple fenêtre, séparée des pilastres par deux sgraffites en hauteur représentant les allégories féminines de l’Art et de la Science. Au milieu, à l’horizontale, en lettres d’enluminure, l’inscription «Lello & Irmão». Au dessous : «Livraria Chardron».
On peine à se frayer un chemin parmi les touristes qui entrent et sortent de la librairie Lello, mais l'impression est celle de pénétrer dans un musée, un studio où aurait été tournée une scène de Harry Potter, une machine à remonter le temps, un lieu sacré… «Fotos não, No pictures, Pas de photos», avertissent les vendeurs. Au sol, sur le plancher en bois, de minces rails, qui servaient jadis à transporter les livres sur un wagonnet, suivent le passage central en marqueterie, puis bifurquent sur la gauche, jusqu'à la porte-fenêtr