Après la mauvaise blague Superstar, de Xavier Giannoli, la compétition vénitienne divulguait hier le second Français en course pour le lion d'or, avec le nouveau Olivier Assayas, où se nouent quelques-uns des meilleurs morceaux de sa filmographie. Ancré aux débuts des seventies révolutionnaires, parmi ces petits frères et sœurs de ceux qui firent 68, Après mai répond à Carlos (2010) par la voie autobiographique, et surtout refait sienne la matière de l'Eau froide (1994), qu'il ramifie, prolonge, met en ordre.
Euphorie. Le film s'accroche aux pas vagabonds d'une poignée de jeunes gens aux folles aspirations artistiques et agitatrices, l'été de leurs 18 ans. Alors que leurs liens se distendent, on chemine avec eux au gré des actions coup-de-poing au lycée, des voyages en Italie, des hésitations entre quelques lignes radicales, des tentations de l'exil en Orient, des mues contraintes, découverte de la contre-culture et premières morsures d'amour. Projetée sur la silhouette du garçon qui émerge du groupe, on reconnaît sans mal l'ombre portée du jeune homme que fut alors Assayas : l'aspiration à faire des films, les disques (Syd Barrett, Blind Faith, MC5…), les lectures (Simon Leys, Guy Debord) et les idées sont sans doute les siens. Peut-être même aussi l'absurde manteau long en laine et la coupe filasse. C'est sans doute pour cela que, par moments, l'euphorie du cinéaste à restituer ce paysage, à déguiser un figurant