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Libération

Un cas d’école qui décolle

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Mue . Jadis incompatible avec le format des majors, le duo développe aujourd’hui un commerce de niche où le vinyle reprend des couleurs.
publié le 23 septembre 2012 à 21h36

La musique de Om, à ses débuts, était en grande partie déjà contenue dans un disque qui forme sa préhistoire : Dopesmoker, le dernier album de Sleep. Son histoire dit beaucoup sur le refus de tout compromis d'Al Cisneros et de Chris Hakius. Enregistrée en 1996 alors que Sleep vient de signer sur le label London Records, affilié à Universal, cette pièce de soixante-trois minutes est d'office déclarée «impossible à promouvoir» par la nouvelle équipe chargée de s'occuper des trois metalleux fumeurs de joints (qui donnent son nom et sa lenteur tripée au disque). Une grosse engueulade plus tard, Sleep refuse de revoir sa copie et décide de se saborder, plutôt que d'avoir à rendre des comptes. Finalement édité sous le manteau, puis en 1999 dans une version peu satisfaisante de cinquante-deux minutes sous le nom Jerusalem, Dopesmoker a fini par sortir en mai dans une version qui honore la vision originelle du groupe (1), éditée par le solide label Southern Lord, cofondé par Stephen O'Malley de Sunn O))).

Dans cette chanson sans fin, la voix d'Al Cisneros n'apparaît qu'après huit minutes de guitares, qui refusent perpétuellement de laisser une mélodie démarrer et finissent donc par former un tapis électrique gras. Puis la batterie vient lancer la cavalcade et, comme dans la musique que créeront Cisneros et Haikus dans Om, une transe cyclique s'installe, noire et contemplative. Mais là où Om est apaisé et rondouillard, Sleep reste perpétuellement agressif da