Un portrait de femme les yeux écarquillés sur un panneau qui surplombe l’horizon, un autre visage en noir et blanc sur un pignon, un enfant, puis un homme, puis une femme, puis un senior… Trente bouilles affichées sur les maisons de Charcé-Saint-Ellier-sur-Aubance, dans le Maine-et-Loire, trente habitants du village et de six autres alentour, qui ont accepté de poser en sachant qu’ils allaient pavoiser. Pour une sorte de happening artistique…
Camionnette. Début juillet, Denis Rochard, photographe et réalisateur, débarque à Charcé et gare sa camionnette pendant plusieurs jours en face de la mairie. Le village de 830 habitants, situé à une trentaine de kilomètres d'Angers, n'a guère de centre. Pas de commerce, plus d'école depuis 1983, un lotissement neuf et des logements sociaux. Un trésor tout de même : un presbytère, en plein cœur, accolé à l'église fondée au Xe siècle, inscrite au titre des monuments historiques. Ce jour-là, la maire, Gabrielle Ciclaire, en reçoit justement les émissaires pour discuter restauration d'une immense toile, une dormition de la Vierge.
C'est jeudi, jour de réunion du club des anciens. L'idéal, se disent Denis et Hélène, de la compagnie Alice, pour en pousser quelques-uns à se faire tirer le portrait. Dans la salle, entre thé et verre d'Aubance, la discussion roule sur l'ancien temps, la vie à la ferme («On travaillait douze heures par jour, mais on savait pourquoi… Alors qu'aujourd'hui, toute cette paperasserie !) ou c