Hormis un salon de coiffure, on ne voit pas ce qui fait défaut à l’exposition que le musée du Quai-Branly dédie aux cheveux, tant y sont exhaustifs les traitements esthétique et scientifique du sujet. Mais résumer l’entreprise ainsi n’est pas lui rendre justice : le parcours à travers les chevelures et les âges qu’a conçu Yves Le Fur, directeur du patrimoine et des collections du Quai-Branly, est plus passionnant que cela.
D’abord, il est organisé de manière si subtile qu’un visiteur pressé risque de manquer l’essentiel. Et l’essentiel est ceci : le cheveu n’est ici, suggère Yves Le Fur, qu’un prétexte, un fil conducteur destiné à mettre en relief les différences entre deux systèmes, l’un qui s’appuie sur les images, la représentation (notre art occidental iconolâtre), et un autre qui s’appuie sur la présence, les objets «chargés» (les arts premiers, pour faire vite). La chose a l’air complexe, dit comme cela, mais va vite devenir évidente.
Choucroutes. Le parcours commence pied au plancher dans la représentation, la sculpture, la photo, la peinture, la mode. Bref, dans la séduction, laquelle se trouve être une fonction non négligeable de la chevelure. Arts classique et contemporain se mêlant, on se rend vite compte qu'Yves Le Fur a choisi chacune des pièces avec un soin inouï, dénichant au passage des perles : très belle image des Bouffant Belles, équipe de sprinteuses texanes qui couraient avec des choucroutes incroyables sur la tête, impressionnante haie de