Il fallait sortir de l'atelier, aller, ou retourner, vers la Nature et même se fondre avec elle tout en la transformant : ainsi naquit le Land Art… Aux Etats-Unis, à la fin des années 60, on voulait rompre avec un certain académisme. On imaginait de nouvelles formes esthétiques mais qui, en fin de compte, s'inscrivent dans le droit fil de la culture américaine contestataire. Avant Barry Flanagan ou Robert Smithson, Henry Thoreau ou Walt Whitman avaient déjà déclaré la nécessité de revenir à la Nature, considérée comme une marque du sacré. Ces nouveaux artistes vont littéralement transformer le paysage et le créer, ou le recréer à leur manière. Soit en allant très loin dans la wilderness, cette «sauvagerie» américaine, au point d'aller «aménager» les déserts de l'Ouest ; soit au contraire, comme dans le cas de Christo, en intervenant sur des monuments connus pour les rendre méconnaissables, étranges ou énigmatiques. Emballer ou révéler. Ecrire sur les rochers. Modeler des collines nouvelles. Tout est alors possible.
La peinture chinoise classique, d’inspiration taoïste, professait des principes similaires sur un autre plan : le peintre devait, spirituellement, se fondre avec le paysage contemplé, pour être capable de le restituer, mais transformé, sur le papier ou la soie. Cette fusion devait se faire idéalement, même si le sage pouvait aussi finir par se fondre dans le paysage. Avec le Land Art, «art du territoire», on vient à la rencontre de la Nature pour «faire pa