Le grand beau plateau du théâtre de Hautepierre, à Strasbourg, est nu. Pas de décor pour la première représentation de Nobody Knows, Every Body Knows. Le chant d'une femme qui joue avec une chaise et le micro ouvre un spectacle peu commun, fait de turbulences collectives et d'éclats d'indépendance.
Onze danseurs égyptiens sont réunis pour explorer en groupe et individuellement l’espace où ils peuvent affirmer leurs noms, leur geste. Depuis cinq ans, ils travaillent au Caire avec la danseuse et chorégraphe française Laurence Rondoni, partie prenante de l’association Descent-danse, œuvrant à l’émergence de la danse contemporaine dans leur pays et plus largement à se positionner dans une dynamique de création.
Puissance. Ils ne sont pas forcément danseurs, mais architecte, ingénieur, journaliste. Parallèlement à la formation, ils commencent à proposer leur propre production. En septembre, la «Nuit contemporaine» qu'ils organisaient avec d'autres créateurs au Caire a fait salle comble, et ils auraient dû y refuser 3 000 spectateurs. «Nous construisons une nouvelle génération,disent-ils, qui s'oppose au pouvoir et à la politique de droite extrême menée par les Frères musulmans. Notre résistance est claire et renforcée et nous sommes plus nombreux et déterminés que cela ne paraît dans les medias. Nous sommes en pleine révolution, nous en sommes les acteurs, des guetteurs. Personne ne nous touche, on a pris de la force. L'Egypte est un pays mult