En annonçant, en janvier, qu'il comptait monter une pièce basée sur le manifeste de 1 500 pages posté sur Internet par Anders Behring Breivik, avant de commettre les attentats qui ont fait 77 morts en Norvège le 22 juillet 2011, le metteur en scène danois Christian Lollike s'est attiré de très violentes réactions. Outrées, les familles des victimes, soutenues par une foule d'élus et d'intellectuels norvégiens, ont exigé que le projet, jugé de «très mauvais goût», soit abandonné. Malgré les menaces, Lollike a tenu bon.
Le résultat est un long monologue d'une heure et demie, qui se joue depuis lundi, sur la petite scène du CaféTeatret, à Copenhague. La pièce Manifest 2083 entend montrer «comment Anders Behring Breivik se voit lui-même». Le comédien Olaf Hojgaard incarne, tour à tour, son propre rôle et celui du tueur. Pour s'en rapprocher, il a lu ses écrits, joué aux jeux d'ordinateur et écouté la même musique que lui. Il s'est entraîné au tir, a pris des stéroïdes. Puis, il s'est plongé dans les thèses du mouvement contre-jihadiste, qui dénonce une conspiration visant à l'islamisation de l'Europe.
«Diable». Plusieurs fois primé au Danemark pour son œuvre toujours très engagée et souvent controversée, Lollike explique qu'il n'a pas monté cette pièce pour les victimes. Mais pour le reste d'entre nous, qui cherchons encore des réponses. «Après le 22 juillet, on a présenté Breivik comme un mon