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Libération
Critique

Blanche sort du noir

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Swann. A Paris, une exposition présente le maniérisme sous-exposé d’un portraitiste de la Belle Epoque proustienne.
publié le 28 octobre 2012 à 19h26

Jacques-Emile Blanche (1861-1942) a eu la chance et malchance de peindre Marcel Proust. Chance, car cette toile lui a conféré une notoriété que son œuvre ne justifiait peut-être pas. Malchance, car cette toile a aussi phagocyté son œuvre, non négligeable : 1 500 huiles et dessins. L’exposition de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent donne l’occasion de mieux connaître un portraitiste peu exposé : les musées qui possèdent ses toiles les laissent aux réserves, sauf celui des Beaux-arts de Rouen qui lui a dédié une salle. Quant à la dernière exposition parisienne, elle s’est tenue à l’Orangerie en 1943, à la mort de l’intéressé.

Le petit-fils d’Esprit et fils d’Emile, aliénistes qui soignèrent Nerval et Maupassant, a laissé un précieux témoignage sur la société et le Paris proustiens. Ont défilé sur sa toile et dans son salon d’Auteuil, Cocteau, Stravinsky, Barrès, Mauriac, Degas, Debussy, Bergson, Bernstein… Il est parvenu à voler chez certains l’émotion qui fait les bons portraits.

diaphane. Pour créer un cadre propice à la découverte de celui que Mauriac qualifia de «témoin impitoyable de son temps» (ajoutant «un Proust moins le génie»…), la scénographe Nathalie Crinière et le décorateur Jacques Grange ont ressuscité un appartement Belle Epoque, avec sur les murs un accrochage très XIXe. A tout seigneur, tout honneur : Marcel Proust. Blanche le peint en 1892, à 21 ans. Du côté de chez Swann paraîtra onze ans plus t