Il n'aura pas vu la parution de l'Encyclopédie de l'imaginaire sur laquelle tout le milieu avait planché ces dernières années. Ce grand œuvre devrait être publié aux éditions l'Atalante, basées à Nantes. Figure importante de la science-fiction et de la fantasy, Jacques Goimard est mort jeudi à 78 ans, au terme d'une longue maladie.
Ce Charentais né le 31 mai 1934 était normalien (lettres, 1955). Très tôt, il lit Wells, Huxley ou Orwell, et écrira plus tard que «la SF, c'est une radicalisation du mythe de l'enfant trouvé». Tout en préparant l'agrégation d'histoire, le jeune Goimard passe ses après-midi à la librairie La Balance, puis à L'Atome, où l'on côtoie aussi les surréalistes qui viennent de l'enseigne voisine Le Minotaure, comme le poète Henri Jeanson ou l'artiste Tristan Tzara. «C'était, à Saint-Germain, une sorte d'isola utopique», racontait Jacques Goimard, en 2005 à Libération.
Revenir sur cette période permettait à la fois de chroniquer l'histoire du «déjeuner du lundi», qui perdure depuis bientôt soixante ans, et de revisiter, dans les années 50, l'effervescence d'un groupe de jeunes passionnés de science-fiction, dont certains deviendront écrivains et grands éditeurs du genre. Goimard fut de ceux-là, transporté par le cinéma et, par là, la SF, «la plus formidable mine d'images et de récits de notre époque». L'agrégé d'histoire enseigne au lycée Henri-IV et au lycée de Meaux, tout en faisant ses premières armes de critiq