Un après-midi gris au centre Pompidou. La chorégraphe Olga de Soto met en place sa nouvelle pièce, Débords - Réflexions sur «la Table verte», créée il y a dix jours aux Halles de Bruxelles. La finition technique y est tout aussi importante que la présence estompée des danseurs. Il s'agit pour eux non pas de reprendre la célèbre chorégraphie de Kurt Jooss, ni de la revivifier, mais de porter à la connaissance des spectateurs ce qui la constitue, sa dimension politique, sociale et bien sûr artistique. Olga de Soto ne s'empare pas d'une référence de l'histoire de la danse. Elle enquête, rassemble des informations et les livre au public. Les techniciens règlent les trois écrans où sont projetés les entretiens avec des personnes, principalement des danseurs qui ont vu ou dansé le ballet de Jooss, puisqu'il est inscrit au répertoire de nombreuses compagnies dans le monde entier, depuis 1964. Une volonté de son créateur que perpétue sa fille, Anna Markard.
Prémonitoire. Chaque interviewé s'exprime (en quatre langues traduites, allemand, anglais, français et espagnol) sur un personnage, sur sa perception de l'œuvre. L'un évoque le groupe des réfugiés et parle de «la vitesse» de l'exode. Celle que vécut d'ailleurs le chorégraphe et sa compagnie, obligés de quitter rapidement l'Allemagne pour la Grande-Bretagne, dès la prise de pouvoir des nazis en 1933, Jooss ayant été sommé de renvoyer ses collaborateurs juifs. Tout se mêle dans le spectacle d'Olga