Robert Cray Band a sorti fin août son 16e album Nothing but Love, produit par le Sud-Africain Kevin Shirley (lire ci-contre), un habitué des sons plus crus d'Aerosmith ou The Black Crowes. En attendant un concert fin février au New Morning, Robert Cray, bluesman de 59 ans intronisé l'an passé au Blues Hall of Fame, revient sur une musique qui a envahi sa vie et celle de ses trois complices de toujours, depuis l'invitation d'Albert Collins, en 1976, à devenir son house band. Des années d'apprentissage que Cray n'a jamais oubliées. Depuis, la plupart des grands bluesmen ont quitté ce monde. Les survivants de la «devil's music» se nomment Buddy Guy (76 ans), Bobby Blue Bland (81 ans) ou BB King (87 ans). Soixante ans plus tard, le métier est toujours d'actualité.
Vous êtes d’une génération intermédiaire entre les pionniers et la jeune garde. Comment peut-on être chanteur de blues en 2012 ?
A mon âge, on est directement issu de phénomènes uniques tel John Lee Hooker. Et c'est très difficile de se faire un son et une place, en passant après eux. Ce sera encore plus difficile pour ceux qui suivent... Ce qui a changé, c'est qu'avant, vous aviez le blues texan, de ces gars qui faisaient les showmen, comme T Bone Walker qui jouait de la guitare derrière son dos, Steve Ray Vaughan, Albert Collins, ou Clarence Gatemouth Brown... Ils faisaient tous leur numéro, des trucs que les gens avaient envie de voir. D'autres venaient du Delta [du Mississippi, ndlr] et étaient plus smooth. D'autres encore vivaient à Chicago, à Detroit. Ces gars-là sortaient des usines e