Avec son titre simpliste, «Voici Paris» est une merveille, qui s'appuie sur la collection Christian Bouqueret, récemment acquise par le centre Pompidou. Quelque 7 000 tirages d'époque, dont l'expo présente un extrait conséquent (presque 300), donnant une idée précise de l'inventivité de l'entre-deux-guerres en France. Et, surtout, du souffle de Christian Bouqueret, historien d'art ouvert à toutes les pratiques photographiques, qui sut, en un temps fort bref, constituer une collection privée patrimoniale. A la fin du catalogue, très soigné, il explique à Clément Chéroux et Quentin Bajac le plaisir qu'il a eu à «défricher» une époque «occultée par la présence un peu encombrante de Brassaï, Man Ray et Kertész. A part le surréalisme, cette photographie de la Nouvelle Vision n'était pas très en vogue».
Découpée en sections thématiques, cette collection se laisse surtout découvrir au hasard, vive le désordre. Tout est là, d’un passé proche qui défie l’imagination. Les femmes photographes aimées : Nora Dumas, Dora Maar, Yvonne Chevalier, Germaine Krull, ou encore Marianne Breslauer et sa fillette berlinoise, prise en 1931 au cirque, qui a l’air d’avoir été ravie hier par Paolo Reversi.
C'est cette modernité qui est en jeu : tantôt elle découle des principes novateurs du Bauhaus - ainsi la fabuleuse Florence Henri, qui a suivi les cours de Moholy-Nagy - et tantôt elle s'impose via la poésie épique, ainsi Claude Cahun et son jeu d'échecs singulier (1929). «Ne jama