Dans les Ailes du désir, qui met en scène une escadrille d'anges berlinois, Wim Wenders imagine que leur métier consiste à écouter les pensées des humains, notamment dans le métro. Ils en entendent de drôles, ils en écoutent de tristes. Le photographe néerlandais Reinier Gerritsen a actualisé cette idée rêveuse : des instantanés pris dans le métro à Londres, New York, Pékin ou Paris.
Cette série, d’où est extraite l’image du jour, est familière à qui emprunte les transports en commun. Elle évoque ce qu’on se dit à force de scruter nos compagnons de voyage : à quoi pensent-ils ? C’est quoi leur vie ? Et singulièrement, que fait-elle cette jolie blonde qui colonise le premier plan, son machin-pod à la main ? Elle lit ? Elle écrit ? Elle répond ? Mais quoi ? Des bêtises ? Un mot d’amour ? Un message de rupture ? Comme n’importe quel adepte du sans-fil à la patte. A moins, plus triste, qu’en dehors du travail elle continue à travailler à grands renforts de mails. Ou alors, qu’elle écoute, traquant, sur l’écran de son appareil à lyophiliser la sono mondiale, une seule musique parmi les milliers de titres qu’elle a téléchargés et qu’elle n’aura pas assez de toute sa vie pour écouter.
Cette fille abstraite est sous la surveillance d’une autre blonde, à gauche, que ce manège intrigue. Serait-elle jalouse ? Furax ? Son propre portable est- il en panne ? On note aussi que de l’autre côté de l’image, deux amoureux se foutent de tout, flirtant seuls au monde.
Et puis, incrustée en