Cathartique et touchante, voilà l'idée toute bête, donc toute belle, dont une Sophie Calle aurait certainement rêvé. Comme l'indique son appellation à la gomme - version marshmallow, plutôt qu'on efface tout et on recommence, surtout pas ! - «le Musée des cœurs brisés» offre l'aspect prosaïque d'un mausolée profane des histoires d'amour qui, ainsi qu'énoncé dans la rengaine, finissent mal, en général. Feux de la passion calcinée, love story conclue en psychodrame, bluette évanouie dans les limbes du parjure, long fleuve tranquille englouti dans des turpitudes abyssales… On trouve à peu près toutes les variantes du naufrage romantique, ces jours-ci au CentQuatre, bastion multifacette de la culture parisienne qui, dans son tréfonds (là où jadis se situaient les écuries), décline dans une atmosphère pénombreuse, propice à la confidence, des dizaines d'objets, symboles des récits marris qui les accompagnent.
Pudeur. En amont de la présente exposition, il a été demandé à des volontaires anonymes de verser une obole en exposant leur mésaventure amoureuse sous la forme d'une babiole, ici posée sur un socle blanc, à côté du résumé du fiasco afférent avec, pour intitulé, le nom de l'objet («escarpins rouges», «palet de hockey», «caleçon blanc», «3 tomes de Proust», «godemichet noir»…), la durée de l'union - ou de la liaison - et sa localisation géographique.
De prime abord, l’affaire peut paraître bénigne. Pour peu qu’on se penche dessus - ce qu’indui