Installée sur le quai d'une station de métro de Buenos Aires, elle observe ce qu'il se passe autour d'elle et laisse son imagination dériver. Ce mec avec ce drôle de chapeau : qui est-il, que fait-il, à quoi pense-t-il ? Qui n'a jamais joué à analyser de banales scènes du quotidien pour les transformer en romans… Ici, les fabulations intérieures prennent vie : quatre écrivains, sommairement assis sur des chaises en plastique, tapent tout sur des ordinateurs portables, entre imagination burlesque, histoires personnelles et anecdotes historiques. Retransmises en direct sur des écrans blancs, leurs narrations se font plus ou moins précises et romanesques. «L'homme est assis sur une boîte, il est en chemin pour aller voir son patron. Il est architecte, il veut faire du chantage à son boss. Il a pris des photos de lui. A 21 h 57, ils pensent tous les deux la même chose…» Ou encore, dans une ville où la température tend vers zéro : «Un type en short, quel courage !» Celui qui, en un clic, est devenu maître chanteur s'amuse de la situation, se demande d'où sort cette histoire un peu folle. Il n'est sans doute pas architecte, il n'a peut-être pas de patron… Pendant ce temps, les jambes nues du jeune courageux s'ankylosent, un poil gêné.
«Il y a de plus en plus de caméras : on ne sait plus exactement qui les contrôle, ni à quoi elles servent», explique Mariano Pensotti, initiateur du projet. «Véritables caméras de surveillance littéraires», les écri