Le veilleur du 13 décembre dans sa tour de guet. (photo Thierry Pasquet. Signatures pour Libération)
Chaque matin, aux alentours du lever du soleil, une personne veille sur Rennes pendant une heure. Une autre fait de même le soir, pendant la dernière heure du jour. Ce rite a commencé le 30 septembre, et s'achèvera le 29 septembre 2013. Ainsi, pendant un an, installées dans un petit abri en bois perché en haut d'un immeuble de bureaux, 729 personnes vont se relayer à l'aurore et au crépuscule pour guetter. Guetter quoi, guetter qui ? L'histoire ne le dit pas. La chorégraphe Joanne Leighton, qui organise le projet dans le cadre du festival les Tombées de la nuit (1), l'a simplement défini en ces termes : «Etre présent, être acteur / observateur, questionner l'espace, ouvrir son regard à perte de vue, éprouver la rencontre entre notre corps et le paysage.»
Nous fûmes, le matin du vendredi 21 décembre, le 165e veilleur de Rennes. Journal d'une veille, en remontant le temps jusqu'au point du jour.
9 h 54, fin de la fin du monde
Le soleil est déjà haut dans le ciel (car étrangement il fait beau et doux en ce premier jour de l'hiver) quand s'achève notre heure de veille. De la terrasse d'un immeuble donnant sur l'esplanade Charles-de-Gaulle, non loin de la gare, nous redescendons la volée de marches qui mènent à la petite cuisine, au septième étage, où chaque veilleur s'arrête pour prendre un thé et laisser sur un livre d'or ses impressions, ses réflexions, ses dessins. C'est l'ultime palier de