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Critique

Offenbach avec mention

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Opérette . A l’Athénée, la compagnie les Brigands magnifie deux œuvres hilarantes du compositeur.
publié le 2 janvier 2013 à 19h36

C'est Beckett, c'est Ubu. Décor de tour qui fait aussi trou, il suffit d'inverser les lettres, il suffit d'un miroir en fond et de jouer par terre pour faire croire qu'on est debout. Les gens sortent en disant : «Je croyais que je n'aimais pas Offenbach, je me trompais.» Pour ceux qui pensent que l'opérette est un troupeau de plumes en french-cancan ou Jacques Martin en Ménélas, il faut faire une cure de Brigands chaque année, en province et, pour les fêtes, à l'Athénée. En douze ans, ils ont, outre des œuvres brèves d'Offenbach, remis sur pied Maurice Yvain (déjà aidé par Alain Resnais avec Pas sur la bouche), Claude Terrasse, mais aussi les plus oubliés Moisés Simóns, ou l'incomparable Marcel Lattès, ami de Messager, tombés en désuétude avec le discrédit pesant sur la musique légère.

Neuf musiciens dans la fosse, six chanteurs en scène, deux fois une heure, le spectacle commence avec Croquefer ou le dernier des paladins (1857), d'Offenbach. Le livret indique des ruines, créneaux démantelés, cachot et grille, chausse-trappes. Chez Salério, cela devient Oh les beaux jours, personnages enterrés à mi-corps, larves perdues d'avance. Le début mixe Perrault avec Eschyle, envoie ses héros médiévaux se faire tirer les fils du cerveau, poupées avec un sabre dans le cul qui finissent en colique. Ils ont pour noms Mousse-à-Mort, Boutefeu ou Ramasse-Ta-Tête et dégobillent des billevesées du genre : «Attendez, il faut que je les compte. Ils sont un