Une main, une ligne. Les gens croient parfois que, parce qu’il n’y a que des lignes sur un tableau, cela les concerne moins qu’une figure. En réalité, la ligne, c’est le tremblement même de l’âme, le mouvement intime de la possession, de la délimitation, tentative de marquer, faire signe, laisser une trace. L’enfant qui dessine fait des lignes, pas des volumes et des couleurs. C’est le geste que le regardeur est invité à s’approprier, à ressentir, à comparer à sa propre sismicité physique.
«Présence» et «production des lignes dans l'activité humaine quotidienne», c'est l'ambition non mesurée du Centre Pompidou-Metz dès le 11 janvier, à partir des collections du Cabinet d'art graphique du musée, de 1925 à nos jours : «Les lignes s'inscrivent dans notre environnement et mesurent nos actes et nos trajectoires. Qu'elles se manifestent sous forme de fil ou de trace, qu'elles soient durables ou éphémères, physiques ou métaphoriques, elles sont omniprésentes. Tout geste, tout parcours est une ligne dynamique et temporelle, un langage invisible.»
Conflits. Le parcours proposé comporte sept sections, qui vont de la ligne comme «geste cheminatoire» jusqu'à la ligne découverte dans la nature (le pli, la fissure, l'empreinte) en passant par la cartographie, l'écriture ou la fiction des frontières, des augures et des constellations. S'il y a du lourd (Duchamp, Man Ray, Kandinsky, Piero Manzoni, Bruce Nauman, Lawrence Weiner, Richard Long, Manessi