La cour d’appel de Paris a consacré six heures, le 22 janvier, au plus retentissant scandale du marché de l’art de cette dernière décennie : l’escroquerie commise au détriment du Crédit municipal de Paris (CMP) grâce à une fausse collection d’antiquités.
Dans le box, un accusé à la voix à peine audible, interloqué par les «mystères» de cette affaire. Chakib Elidrissi Slitine est connu à Drouot, où il continue d'exercer. Pendant trente ans, a rappelé son avocat, Me Christophe Bigot, il a été l'expert de référence en antiquité méditerranéenne.
Pour son implication dans l’escroquerie, le tribunal l’a condamné en 2011 à deux ans de prison avec sursis, en compagnie d’un médecin niçois et d’un malfrat tunisien en fuite, Karim Aiachi. Lui seul a fait appel.
Copies. Fin 2005, l'organisme de prêts sur gage a mis 24 objets aux enchères. Assortis de certificats de complaisance délivrés par un antiquaire, ils formaient «la collection du Dr K», constituée au XIXe siècle. Tout était bidon. Le Journal des arts s'est vite fait l'écho des doutes. Grâce au dépôt de 26 œuvres, le médecin avait pu emprunter 2,4 millions d'euros. Le CMP était tranquille : expertisées par Slitine, elles avaient été évaluées à près de 5,8 millions d'euros. L'enquête a établi qu'elles avaient, en fait, été achetées pour 300 000 euros. La vente n'a pratiquement rien rapporté - hors l'adjudication d'un faune portant Dionysos, pour 1,8 million d'euros.