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Gilbert Delaine, la dynamique de la passion

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Ex-ingénieur, cet amateur d’art est à l’origine de la collection du musée et de l’exposition.
publié le 31 janvier 2013 à 20h16

Voir une expo CoBrA à Dunkerque, sous la neige de janvier et à quelques mètres de la mer, est une discrète expérience de résurrection. C’est là que tout fut bombardé par les Allemands, en juin 1940, pendant l’opération Dynamo (évacuation de messieurs les Anglais avant tout). On doit cette rétrospective à Gilbert Delaine, ancien ingénieur, octogénaire et légende locale, qui eut, dit-on, la révélation de l’art en feuilletant un catalogue chez le dentiste. Le Laac de Dunkerque et sa collection doit tout à cet amateur qui, sans un sou, sut trouver les mécènes qui lui permirent de constituer une collection… appartenant à la collectivité.

Gilbert Delaine est cet échantillon d'une espèce rare : le collectionneur sans propriété. Il crée en 1974 l'association qui sera à la base du musée. Devenu ami d'Alechinsky, d'Appel et de beaucoup d'autres, il prolonge cette tradition du centre de gravité social permettant à un groupe d'artistes, individuellement et collectivement, de propager leurs œuvres. Delaine est modestement et nordiquement à CoBrA, cette morsure brève, ce que Vollard fut aux impressionnistes. Il vit à deux pas du musée, non loin de la digue de Malo-les-Bains chantée par Souchon : «Marchant dans la brume/ Le cœur démoli par une/ Sur le chemin des dunes/ la plage de Malo-Bray-Dunes…»

Dans son introduction au catalogue de l'expo, il résume sa passion : CoBrA «vient pour la première fois des pays nordiques» et «défend en même temps que la peinture et la sc