«Before Internet, there was mail art» («avant Internet, il y avait l'art postal»), dit le tampon de Vittore Baroni, commissaire du Pneumatic Circus, projet d'art en réseau qui utilise la poste pneumatique du collectif Telekommunisten au festival Transmediale. Vétéran du mail art, Baroni a invité une centaine de ses confrères à envoyer des cylindres customisés, ou «capSOULes», contenant des instructions pour une mini-performance. Une manière de réactiver une pratique artistique qui inventa le réseau social avant que Facebook n'en fasse une marchandise.
Récipiendaires. Si les avant-gardes avaient déjà fait des expérimentations avec le courrier, Ray Johnson, artiste américain auquel on attribue la paternité du mail art, est le premier à faire de la correspondance une pratique artistique en réseau. L'artiste pop s'est consacré à son activité épistolaire au début des années 60, envoyant quantité de cartes postales, dessins, objets trouvés, collages, extraits de presse, etc. Afin d'élargir son réseau de correspondants au-delà du cercle d'amis, Johnson demandait aux destinataires de ses lettres : «Please add to and return», soit de faire suivre à des tierces personnes. Sans ces instructions, le réseau n'aurait pu s'élargir, passant de quelques douzaines de participants au début les années 60 à des milliers dans la décennie qui suivit.
Cette communication postale était basée sur le partage et le don. Un «réseau éternel» - comme l’a décrit Ro