Parc national de Taï, ouest de la Côte-d’Ivoire, frontière du Liberia. On vole, on vogue au-dessus de la forêt tropicale qui moutonne, mer verte à perte d’horizon. On plonge. Dans la pénombre de la canopée épaisse, à des heures de route, de piste, de marche de la ville la plus proche, ça hulule, coasse, stridule, hurle. Des ombres courent. On distingue la démarche chaloupée d’êtres quadrupèdes : des grands singes filent, furtifs. Le film commence…
Parc national de Taï, 5 300 km2, l'une des dernières forêts primaires de la planète : c'est là qu'a été tourné, trois ans durant, Chimpanzés, qui sort en salles le 20 février. Fiction documentaire tramée sur «une vraie histoire» (l'adoption d'un jeune orphelin par un mâle alpha), le long métrage de Disneynature montre «la vie réelle de ces primates», atteste son directeur scientifique, le Franco-Suisse Christophe Boesch, de l'Institut Max-Planck pour l'anthropologie évolutionnaire à Leipzig, en Allemagne.
Directeur de l'un des plus grands départements de primatologie au monde avec un staff d'une centaine de personnes, Christophe Boesch, 61 ans, étudie depuis trente-trois ans les chimpanzés du parc de Taï. Auteur d'une centaine de publications scientifiques, fruits de milliers d'heures d'observation dans la jungle ivoirienne, il a renouvelé la réflexion sur la frontière homme-animal en mettant en évidence chez les chimpanzés sauvages des facultés qui relèvent non de leur nature mais de ce qu'il es