Philosophe, professeur marquant de l'Université libre de Bruxelles (ULB), Pierre Verstraeten est mort le 11 février à Mijas. Son enseignement est inséparable d'un style, d'une allure : vitesse, audace et absolue liberté dans les constructions de concepts. Plus qu'un passeur, cette figure hors norme de l'ULB fut un expérimentateur, un créateur qui faisait de la philosophie une aventure existentielle. Pour des générations d'étudiants, il fit de ses cours la scène d'une pratique vibrante de la philosophie, de la pensée un champ se réiventant sans cesse sous l'emprise d'un questionnement radical. Après un séjour à l'Ecole normale supérieure où il fut condisciple et ami d'Alain Badiou, sa thèse de doctorat, «Esquisse pour une critique de la raison structuraliste», porta sur Lévi-Strauss. Mais toute son œuvre se plaça sous le signe de Sartre dont il fut bien plus qu'un héritier, bien plus qu'un continuateur. Pierre Verstraeten dirigea avec Sartre la prestigieuse collection Bibliothèque de philosophie aux éditions Gallimard. En 1972, un coup de tonnerre éclata dans l'espace philosophique avec la publication de Violence et Ethique, fulgurant essai autour du théâtre politique de Sartre qui, au travers aussi de Hegel, de Foucault, interroge la question des conditions de possibilité d'une morale dialectique. Verstraeten, s'appuyant sur une étude minutieuse des œuvres, fécondait les textes, les problématiques les unes par les autres. Il ne se contentait pas de donner u
TRIBUNE
Hommage à Verstraeten
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par Véronique Bergen
publié le 21 février 2013 à 19h16
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