Harvey Lavan Cliburn Jr. avait des mains énormes. Au lycée, on le dispensa de sport pour qu’il ne les abîme pas. Il saignait aussi du nez, et on le réforma de l’armée pour qu’il ne meure pas. Harvey «Van» Cliburn était pianiste et plein d’espoir, il gagna d’ailleurs une bourse pour une compétition de piano à Moscou. C’était en 1958, il avait 23 ans.
Mercredi, il est mort à l’âge de 78 ans d’un cancer des os, chez lui à Fort Worth, dans l’Etat du Texas où il était né. On se disait rarement «tiens, je vais écouter Mozart (ou Bartok) par Van Cliburn» et pour cause : le répertoire qui l’avait vu triompher se limitait à Tchaïkovski, Rachmaninov, Chopin et Liszt. Déjà en perte de vitesse dans les années 60, il cessa presque totalement de se produire sur scène à partir de 1978 et ses enregistrements furent, comme sa carrière, des fusées essentiellement américaines.
En mai 1998, devant inaugurer une salle de concert à Fort Worth, une crise de panique lui fit zapper une partie du dernier mouvement du second concerto de Rachmaninov, avant qu’il ne s’écroule sur scène et qu’on ne l’emmène à l’hôpital. Van Cliburn reste donc surtout une icône populaire du piano à l’époque de la guerre froide.
Coulisses. En 1958, il remporte le Concours international Tchaïkovski à Moscou, sous Khrouchtchev. Avec sa tronche de joli bébé blond et frais, il devient aussitôt un signe de détente politico-artistique, un héros chez les Soviétiques et les Américains, utilisé pa