Absent à la première de Cosi fan tutte, Michael Haneke est arrivé au Teatro Real de Madrid pour la troisième représentation, jeudi soir de Los Angeles, où, après la palme d'or à Cannes, le Golden Globe du meilleur film étranger et cinq césar, Amour a reçu l'oscar du meilleur film étranger. Très applaudi et légèrement hué, comme de rigueur à l'opéra, Michael Haneke a accepté de revenir sur son rapport à la musique.
Longtemps metteur en scène de théâtre, vous êtes venu tard au cinéma et bien plus tard à l’opéra…
Le cinéma, j'y suis venu à l'âge de 46 ans, comme Robert Bresson. Quant à l'opéra, personne ne me l'avait proposé avant Gérard Mortier, et comme j'ai eu la chance d'avoir une vie professionnelle toujours bien remplie, la question, bien que j'adore la musique, ne s'est jamais posée. J'écoute beaucoup d'opéra chez moi, car les mises en scène me déçoivent souvent. Je trouve cela toujours un peu bâclé. Bien sûr, il y a des exceptions, j'ai adoré le Ring de Patrice Chéreau et Pierre Boulez à Bayreuth et aussi les mises en scène de Herbert Wernicke qui a fait des productions formidables à Salzbourg.
Les deux Mozart que vous avez déjà mis en scène sont assez amers, ça ne vous tente pas de monter une Flûte enchantée, ou bien l’optimisme vous angoisse ?
Moi, je ne suis pas fait pour la comédie. Mon seul échec au théâtre a été une pièce de Labiche, un ratage total, je le savais d'emblée. Quant à la Flûte enchantée, c'est trop difficile, je n'oserai jamais, il faut inventer un monde d'images, avec des décorateurs comme Wernicke. Moi, je suis plutôt un metteur en scène réaliste, donc les opéras de Mozart et Da Ponte me conviennent mieux.
Vous les admirez beaucoup ? Parce que vous avez tendance à réécrire un peu les situations, beaucoup dans Don Giovanni, moins certes dans ce Cosi…
Bien sûr que je les admire, mais par exemple, da