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Critique

Mozart et la manière Haneke

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opéra. Le cinéaste autrichien offre une lecture profonde et incisive de «Cosi fan tutte» au Teatro Real de Madrid. Avec une distribution qui a l’âge des rôles.
publié le 1er mars 2013 à 21h16

L'annonce en 2005 de la première mise en scène d'opéra de Michael Haneke fit exploser le standard du palais Garnier. Dévoilé en janvier 2006, son Don Giovanni transposé dans une tour de la Défense, fascina, avant de dérouter. Le héros libertin avait pris les traits d'un golden boy exerçant son droit de cuissage sur la fille du patron et les femmes de ménage. Le tout sous l'œil omniprésent du Commandeur, zombie dans un fauteuil roulant. Trois heures plus tard, il mourait d'un coup de couteau avant d'être défenestré par la foule !

véranda. Cette production commandée par Gérard Mortier, alors directeur de l'Opéra de Paris, a été reprise plusieurs fois à Bastille avec succès. Nommé directeur du Teatro Real de Madrid, Gerard Mortier a, en toute logique, demandé au cinéaste autrichien de s'attaquer à un deuxième ouvrage de la trilogie Mozart-Da Ponte : Cosi fan tutte.Cette fois, Haneke a encore opté pour un décor unique, mais conciliant deux univers et époques. En fond, une véranda de villa palladienne sortie tout droit d'une production de Strehler ou Ponnelle, avec colonnades néoclassiques, parc verdoyant et ciel plombé ou étoilé selon l'avancée du drame. Au premier plan, séparé par des portes en verres coulissantes ou des rideaux blancs, un salon contemporain avec cheminée et réfrigérateur design, où les protagonistes ne cessent d'aller chercher à boire. Le dispositif est très judicieux en ce qu'il montre à la fois la cruaut