Photo Richard Dumas
Châle de yak drapé sur la veste et béret, Thadée Klossowski rattrape un sac «l’Ecume des pages» prêt à s’épandre sur le macadam germanopratin. Chargé de lecture et beau comme un Pachtoune très élégant, il rejoint le parking de la place Saint-Sulpice. Depuis la mort de sa femme Loulou de la Falaise, il se partage entre le Vexin et les Alpes suisses, villégiaturant dans le chalet inouï de son père, le peintre Balthus. Veuf de l’égérie et collaboratrice d’Yves Saint Laurent, il publie les pages d’un journal écrit avant leur mariage.
Lorsqu'il entre en mondanité, Paris regorge encore de riches et chics : Hélène Rochas, des Rothschild, Sao Schlumberger, les Saint Laurent, les frères Mille. Il pourrait raconter le pouvoir de l'argent, les faux-semblants, la vanité des situations. Non. C'est fatigant. Exemple : «Nous sommes tous allés à l'Olympia voir Sandie Shaw. Pas mal.» Ses pages donnent le même sentiment de neurasthénie impavide que le journal de Warhol, un désarroi très européen en plus. De Thadée, le parisianisme n'exige rien d'autre qu'être décoratif, accompagné de femmes à la mode et fils d'un artiste illustre. «Chouchou de tous, Thadée a été préservé. Ça lui a servi de passeport pour une vie magique», dit une amie.
Dans sa bulle, il rêve sa vie comme le petit garçon des Enfants, le tableau peint par son père en 1937. A Paris, il renonce à Sciences-Po. «Au-dessus de mes forces», dit-il, ba